dimanche 2 octobre 2011

De La Paz à Curva

Le réveil sonne à 4h30. Pas question de rater une fois de plus ce bus. Les billets sont réservés, il n'y a qu'un bus par jour et il part à 6h. La dame de l'agence nous a précisé qu'il fallait se pointer à 5h30.
A 5h, on est sorti de notre chambre (luxueuse avec trois lits mais vue et ouïe directe sur la Calle Illampu qui est ultra bruillante). On remet les clefs au "maître d'hôtel", on lui laisse un nouveau sac pour une semaine (gardé pour 3 Bolivianos par jour) afin de partir avec le minimum, et on lui commande un taxi.
Incroyable, en 3 secondes, ils nous trouve un taxi qui n'attend que nous pour nous conduire au cimetière... enfin, un poil plus haut, à la station de départ de notre bus. Le chauffeur conduit sans ceinture (comme toujours ici) et enroulé dans une grosse couverture qui le protège du froid (à croire qu'il a attendu toute la nuit qu'on se décide à sortir).
On longe des rues désertes, ces même rues qui hier après midi était pleines de commerces et où nous avons acheté de bons fruits frais pour aujourd'hui et demain. Pas une voiture, pas un klaxon. On n'en revient pas. C'est vraiment pas la même rue. Bref, vu la circulation intense, on arrive en 5 minutes à la station où poireautent deux bus.
L'un deux va à Charanzani et l'autre, on l'ignore, mais les voyageurs de ce bus nous disent que le notre est déjà parti. On ne les croit pas, on a des tickets, on sait qu'on est super en avance.
Au gros bus pour Charanzani on confie un sac et on montre notre ticket. Retour du sac, ce n'est pas le bon bus. Le notre doit être vert avec écrit dessus "trans Altiplano".
On attend. 5h30, un bus blanc, vieux et rouillé avec l'inscription "trans altiplano" arrive. Merde, si c'est le notre, il donne pas confiance.
Pendant que je surveille nos sacs, Pierre part aux renseignements. Non, c'est pas lui.
Ouf. Puis le premier bus s'en va. Il reste le gros rouge qui dit qu'il est pas pour nous et le gros vieux blanc.... on attend. Et je commence à avoir peur que notre bus soit vraiment parti, qu'ils aient changé d'heure et qu'on le sache pas.... bref, tout une montagne d'angoisse quand soudain, à 6h45, il arrive.
On se rue dessus (enfin, euh, façon de parler).
Bref, on charge, on monte, c'est un peu le désordre, mais à 6h09, le bus part!
Et là, commence le long voyage sans fin jusqu'au fin fond du monde, sur le seul fauteuil cassé du bus, j'essaie de rester droite et profiter du paysage. Mais ce long voyage m'épuise, et quand Pierre se réveille, c'est moi qui m'endort.
Puis quand la route n'est plus goudronnée, quand elle se fait piste pour voiture quand même, sous les cahots on reste éveillés à regarder le paysage défiler.
Mais c'est le voyage en car le plus long du monde avec une unique pause pipi à Achacachi à 8h....
On arrive à Curva à 16h passé. On cherche un hébergement mais rapidement on décide d'aller à l'albergue de Lagunillas.
On a appris qu'il fallait poser 10 fois la même question à 10 personnes différentes pour essayer de trouver la bonne réponse. Là, on a de la chance, la 4 ème confirme nos croyances, la 5 ème aussi et nous trouve la clef de l'auberge.
Et voilà comment on fini à deux, dans une auberge de deux dortoirs de 6 lits chacun, une petite cuisine, un grand salon et une grande salle à manger.
Mais tout n'a pas été entretenu et il n'y a plus d'eau chaude, il n'y a même plus d'électricité.
Ainsi, après avoir acheté des oeufs frais dans le village pour le petit déjeuner demain matin, on dine à la lueur d'une bougie trouvée dans la salle à manger.
On devient sales, on ne se lave pas aujourd'hui, juste les dents, mais on a dehors le plus beau spectacle du monde: le ciel le plus étoilé qu'il m'ait été donné de voir. On a une vision très claire de la Voie Lactée et les étoiles autours sont plus nombreuses que jamais. Le toit du monde semble à portée de main quand j'aperçois une étoile qui tombe sur la terre. Une étoile filante qui tombe doucement.
Et maintenant, seule dans mon grand dortoir de 6 lits, je fais pas la fière au milieu de nulle part... oui, j'avoue, j'ai peur du noir et la lune ne se montre pas pour nous laisser mieux observer les étoiles.
Alors cette nuit, il faut j'apprenne à être grande mais en attendant, je raconte des histoires.

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