vendredi 7 octobre 2011

Parinacota... Le volcan chilien inaccessible depuis le Chili

Mercredi matin. On se réveille après une belle nuit de sommeil pour attaquer notre périple de bon matin.
Un peu avant 8h, nous voilà partis à la conquête du Parinacota.
Comme la veille, Perla, la petite chienne ultra fidèle, nous suit à la trace. On se demande comment se débarrasser d'elle sans être violent avec elle qui est si heureuse de nus suivre.
Rien à faire, elle nous suit et on espère qu'elle fera demi tour en se rendant compte combien on est loin de chez elle.
Alors qu'on se dirige à l'oeil parce qu'on a pas de carte du coin et que le volcan se voit bien, on trouve une petite route et un panneau indiquant propriété privée passage interdit. La route va tout droit et part sur la gauche vers une petite propriété. Alors qu'on s'avance, des chiens aboient et un vieil homme se dirige vers nous. Ce qu'il dit est incompréhensible et on va à sa rencontre. On fini par comprendre que pour emprunter son chemin qui est aussi sur le parc naturel de Lauca avec qui il serait en partenariat, il faudra payer 1.000 Pesos chacun. On demande un reçu.
Et pendant qu'il prépare ça on discute avec son fils (peut être) qui est bien plus facile à comprendre.
Il nous demande si nous avons un plan. Non. Bon. Il nous explique que le chemin longe les lacs et qu'il faut que nous les contournions sur la droite car les contourner par la gauche serait beaucoup trop long. Il explique qu'on croise une route et qu'on la suit jusqu'au col. Mais qu'il nous faudra deux jours car c'est très long ou bien qu'on arrivera à la nuit ce soir. Hum, ok.
On paye et on suit notre chemin avec la Perla qui nous colle aux chaussures et El Negro qui nous suit aussi à cause de La Perla. Je chasse El Negro bien que, vu sa taille, il aurait été plus à même de nous protéger des Puma contre lesquels on nous a mis en garde la veille au soir. El Negro est un gros chien tout comme un Samoyède mais en tout tout noir! Bref, pas méchant, et qui a du recevoir sa première caresse sur la tête grâce à moi. Il était très suspicieux chaque fois que j'approchais ma main et en me voyant faire avec La Perla il a fini par se laisser faire et apprécier.
Ces chien un peu sauvage et franchement sociables me surprennent dans ce pays.
Même les gens me paraissent plus sociables ici. Ils nous parlent facilement et nous donne facilement des informations sur notre itinéraire. Il doit vraiment y avoir plus de touristes randonneurs qui passent dans le coin qu'en Bolivie.
Bref, délestés de 2.000 Pesos, on suit notre route. On croise un troupeau de Lama qui s'intéresse de près à La Perla et on rate la photo mémorable du museau du lama contre celui de La Perla. Ces animaux sont réellement surprenants. D'une grande curiosité et d'une même craintivité.
On fini par croisé les grands lacs sans avoir la vision de leur immensité et après quelques doutes, Pierre accepte de suivre le conseil du contournement par la droite en râlant un peu car ça nous fait un grand détour pour le col.
Mais on ne fini pas de contourner des lacs, franchir des ruisseaux infranchissables dont le lit est une vase de sables mouvants qui ont failli engloutir ma chaussure gauche et mon pied avec. Même La Perla ne voulait pas franchir ce ruisseau d'eau claire au lit de sables mouvants. Mais nous voyant continuer notre chemin, elle court, trouve son passage et nous suit. Nous avons notre mascotte! A savoir qu'animal de compagnie se dit ici "mascote".
Après 7 heures de marche, le col semblant encore a des lieux de nous, je dis à Pierre que je préfère que l'on s'arrête si on veut avoir des forces pour aller au sommet car je n'ai plus de forces pour continuer à marcher jusqu'à la nuit. Le terrain est difficile, passant de sables fins où les pieds s'enfoncent et glissent dans les pentes, aux mousses géantes qui s'enfoncent également sous nos pas, ou le limon à moitié sec de lacs asséchés etc... bref, pas un pas n'est stable et marcher la dessus avec nos sacs est épuisant, d'autant qu'on cherche notre chemin sans avoir idée de ce qu'il y a derrière la prochaine colline qu'on franchira.
Ainsi, on s'installe sur le sable noir et fin du bord d'un lac. Le vent est levé depuis 14h, nous épuisant à nous glacer les sangs et nous envoyer la poussière de sable fin noir sur le visage et les mains.
On se pose tôt au campement, il doit être à peine 16h. On a le temps de planter la tente sous le soleil, ce qui la réchauffe pour l'heure du coucher. Mais vers 17h30 notre campement commence à passer à l'ombre et le vent devient vraiment désagréable. On se prépare le diner à l'abri du vent pour éviter de manger trop de poussière et on est ennuyer de ne rien avoir à donner à manger à La Perla qui ne réclame rien non plus... et fait la fine bouche face aux croutes de fromage!
On rentre dans la tente alors que la nuit n'est pas vraiment tombée, mais à l'ombre il fait froid et on n'a ni jeux de carte, ni livre. On a allégé au maximum nos sacs en vue de l'ascension.
La Perla se creuse un petit nid douillet dans le sable à proximité de la tente. Va t'elle survivre au froid glacial qui va frapper cette nuit? On est à 4600 mètre d'altitude et c'est pas rien!
Je me réveille à 22h en sursaut. Je n'arrive plus à respirer, l'air me manque. Pierre me rassure me disant qu'il a eu cette sensation les deux dernières nuits. Sauf que le nez bouché, retrouver le sommeil dans ce manque d'oxygène devient un enfer. La fatigue m'emporte aux pays des rêves dont je ressors plusieurs fois de suite à la quête de l'oxygène qui me permet de vivre. Bref, c'est une nuit assez épouvantable et quand la lumière du jour inonde la tente, que les oiseaux et canards du lac chantent partout, je me demande ce qu'il est arrivé à La Perla dans la nuit. J'ouvre ma porte de tente et voit La Perla, fidèle au poste qui attend notre levé. On attend que le soleil frappe sur la tente car il fait -2° dans la tente alors on imagine pas dehors avec le vent.
Le soleil arrive rapidement et nous voilà en préparation d'un petit déjeuner qui devrait nous apporter de quoi tenir jusqu'au col si tout va.
Après pliage de tente et de bagages, nous revoilà sur la route. On contourne notre lac, on franchit un petit col et derrière, un nouveau lac que l'on contourne encore et on se retrouve face à des montagnes de petites buttes à franchir sans savoir combien il faudra en franchir (monter et descendre dans le sable fin et sans appui, poussières de cendres d'un volcan aujourd'hui éteint). L'idée m'épuise après la première butte qui nous met face à des tas de petits sommets sans une vallée qu'il serait possible de suivre jusqu'au pied de notre volcan.
Et là, l'illumination se fait: W. a installé un GPS sur mon Ipad et il a passé des heures à télécharger les cartes topographiques des régions que nous avons et allons faire. Hop, du haut de la butte, on sort l'Ipad et on allume le GPS. Repérage. Oups, sur la gauche c'est l'enfer des minis sommets même si à vol d'oiseau c'est le chemin le plus direct vers le col. Il faudrait contourner à droite. Ma carte ne serait pas assez précise, on part quand même plutôt vers la gauche. Je commence à me lasser de ce volcan et m'inquiète sérieusement pour le retour. Aura t'on assez de vivres, d'eau et il faut aussi donner de l'eau au chien qui nous suit. Il n'y a plus de lac, elle ne peut plus s'hydrater toute seule. Et il fait chaud sur ce sable noir où tape le soleil bien que souffle le vent glacial. La Perla, marche dans notre ombre et se pose dans notre ombre quand on s'arrête.
On fini par arriver au pied du volcan. Là bas, sur la droite, la trace de passage de 4x4, bref, une route à suivre dans ce désert noir. Et commence une ascension sans fin, sans abris du vent, dans ce sable trop fin où rien ne tient.
A 13h, on se pose pour manger et donner un peu d'eau à La Perla. Elle boit beaucoup et elle ne refuse plus nos croutes de fromage! On repart dans le vent et on repère les lieux pour un retour sans passer par l'enfer des lacs. Mais la seule route que l'on voit passe par les lacs en contrebas. 14h, Pierre pense que l'on arrivera tard et fatigués au col et qu'on ne sera pas à même de tenter le sommet le lendemain. Il craint aussi qu'on ne puisse arriver sur la route. On décide de repartir vers la route car la distance au col et à la route est sensiblement la même (merci GPS), mais que vers la route c'est en descente donc c'est plus rapide. Vers le col on ne trouvera de l'eau qu'en arrivant près de la neige qu'il faudra faire fondre. Trop de montée à faire compte tenu de l'heure et du terrain.
Mais on continue de ne pas faire les meilleurs choix et on se retrouve à escalader et redescendre des rangées de blocs de lave, puis un désert noir plein de cailloux qui ressemble à un champ de pomme de terre. Mais c'est bien le désert ici,le désert noir: des pierres et du sable, va t'on s'en sortir vivant?
Après avoir refuser de monter sur des sommets de sables en suggérant de les contourner, on fini par trouver une route de 4X4 que l'on suit. On approche de plus en en plus de la frontière, longeant le lac immense qui est proche de la frontière. Lasse des lacets de cette route, je suggère d'en finir une fois pour toute et de monter tout droit dans ce sable insupportable. Je marche dans les pas de Pierre, et l'un derrière l'autre, on arrive enfin à la route vers 17h. Une idée en tête, faire du stop jusqu'à Chucuyo où l'on récupère nos bagages et on repart direct dans un bus pour Arica, la grande ville avec hôtel et douche chaude. On est couverts de poussière.
On tend le pouce mais personne ne s'arrête, ni chauffeurs de camions ni de bus.
Oh désespoir! Il reste 12 km jusqu'à Chucuyo! On reprend la marche, La Perla nous suit et je me demande si ce n'est pas à cause d'elle que les véhicules ne s'arrêtent pas. Le vent est terrible: glacial et freinant chacun de nos pas. Oui, c'est un vent de face qui nous empêche d'entendre les véhicules derrière nous que l'on souhaite arrêter. On lève le pouce à chaque fois. Je fais des grands signes, mais parfois on a juste un salut et personne ne s'arrête. C'est le désespoir. Un autre bus arrive, je fais de grand signe. Un homme sort la tête par la fenêtre. Je hurle "Chucuyo, Chucuyo". Le type fait arrêter le bus. Je cours avec mon sac. C'est de la frénésie, de la folie, on veut du secours et cet homme charitable va peut être nous aider. Oui, il y a moins de 10km à faire, mais à pied sous ce vent après la dure journée de marche, c'est insupportable. Ce sont des Boliviens en direction de Arica et Iquique. Ils nous font monter et prennent même La Perla. Je vais au fond du bus où un homme prend son enfant dans les bras pour me laisser sa place. Je remercie en précisant que je descends bientôt, ce n'est pas la peine. Et un homme commence à discuter avec moi sur notre randonnée, notre visite au Chili, la Bolivie etc...
Puis arrive Chucuyo. On descend en quatrième vitesse et j'adore l'expression des Boliviens et des Chiliens: "que le vaya byen" Leur façon de le dire semble tellement sincère que ça me touche chaque fois qu'ils me le disent.
Bref, incroyable, le bus nous dépose sans nous demander un centime. On part à la recherche de la propriétaire des chambres qui a nos sacs. En attendant, je surveille les sacs de randonnée et le passage des bus. A l'entrée du village, il y a un barrage à cause de travaux. Les véhicules passent de façon alternée.
Pierre ne revient pas et les véhicule venant de la frontière sont arrêtés depuis super longtemps. Ils ne vont pas tarder à partir et on sera coincé à Chucuyon pour une nuit encore.
Pierre arrive. On file à l'arrêt de bus à la sortie du village (quelques mètres, Chucuyo est un micro village qui semble éteint et voir des gens y circuler surprend toujours).
A peine le temps de poser nos sacs que la circulation des véhicules venant de la frontière reprend. Je fais un signe à un premier bus, qui me fait un signe et ne s'arrête pas. Un deuxième bus arrive, il entreprend de doubler un camion. Je lui fais de grands signes. Miracle. Il s'arrête. Il ouvre son coffre où on jette tous nos sacs. Je récupère l'Ipad, mes papiers sont déjà dans mes poches.
On monte. Au fond, des places libres. On s'installe. Peu après, l'assistant du chauffeur vient nous voir pour nous demander où nous allons et prendre le prix. Le bus indiquait terminus Iquique. Pierre propose d'y aller directement, pas d'arrêt à Arica, on renonce au volcan, le trajet d'accès est trop pénible.
Et voilà comment on se retrouve en direction d'Iquique. Mais tout ça serait trop parfait sans incident. Après un arrêt vers 20h pour une demi heure pour diner, on remonte dans le bus. A peine partis depuis 30 minutes, on se retrouve immobilisés pour de longues heures en raison d'un accident mortel de la circulation. Les autorités chiliennes sont là, elles contrôlent tout, nous devons dormir dans les véhicules en attendant que le trafic puisse reprendre. C'est heureusement un bus de meilleure qualité que tous ceux qu'on a pu prendre: malgré le froid dehors, on reste au chaud dedans. Puis vers 4 h du matin, les autorités nous réveillent pour nous permettre de reprendre la route. Petit à petit le trafic reprend et nous arrivons vers 6h à Arica. Ici, de nombreux voyageurs descendent. Nous restons pour quelques longues heures de routes en direction d'Iquique où nous devrions rester quelques jours pour nous refaire une santé.

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