mardi 8 novembre 2011

de San Martin à Villa Pehuenia

Bon, je vous écris depuis la route entre San Martin et Aluminé où le bus vient de s'immobiliser car il n'arrivait plus à monter. Il passe les vitesses mais rien ne se passe, rien de normal: les vitesses ne s'enclenchent pas et notre bus s'immobilise dans la montée...
J'accepte jusqu'à 1h30 de retard, après je demande des dédommagements pour mon bus perdu entre Aluminé et Villa Pehuenia.
Ce qui me sidère, c'est que le bis est plus d'à moitié vide mais que les gens se sont tous tassés autour de moi.
La place sur ma gauche était vide, mais une énorme dame qui ne voulait pas faire l'effort de se rendre à sa place plus loin dans le bus s'est assise à mes cotés. Peut être qu'elle ne pouvait pas non plus marcher jusque là bas à force de ne jamais faire l'effort d'aller plus loin à pied elle a perdu la capacité de le faire.
Derrière moi, trois personnes: deux femmes et un enfant. Impossible ici de donner un âge à un enfant. Ils ont trois ans et sont tout petits ne paressant n'en avoir même pas 2. Bref, celui derrière moi ne parle pas encore, pas vraiment, mais tient debout sur les genoux de sa mère et vient régulièrement me tirer les cheveux... prochaine étape, je trouve un coiffeur pour me recouper les cheveux.
La première banquette de gauche, juste derrière le chauffeur, est occupée par un jeune couple d amoureux qui pourraient être juste pubères vus les traces que laissent les boutons sur leurs visages, mais je dirai qu'ils ont au moins vingt ans. Ce sont des touristes ici mais ils sont des locaux pour moi et passent leurs temps à s'embrasser goulument....
un peu plus loin, d'autres femmes seules avec leurs enfants sortent maintenant prendre le vent et la poussière dehors, mais l'enfant derrière moi reste là à me baver dessus. Oui, je pourrais aussi changer de place, mais finalement râler sur un post me paraît plus rigolo, pour vous en tout cas.
Mais revenons à l'essentiel, ce bus qui n'avance pas. Le chauffeur ouvre et ferme des tas de portes: le capot, une porte latérale, un trappe entre les deux premières rangées et finit par couper le moteur. Le câble qui relie le levier de vitesse aux roues aurait lâché.
Une femme avec son enfant sous le bras vient de partir à pied. Un véhicule vient de la prendre en charge à peine à 50 mètres de nous.
Je pense que l'on va devoir tous partir comme ça, abandonnant notre chauffeur à son triste sort.
La compagnie a t'elle d'autres bus pour remplacer celui là?
Pas de réponse. Je vais peut être moi aussi sortir et poser les questions au chauffeur.
A l'heure où je vous écris, je doute sincèrement arriver ce soir à Villa Pehuenia.
Ce qui me retient à ma place dans ce bus: la poussière dehors qui va me recouvrir des pieds à la tête si je sors et mes expériences passées de poussière dans ces pays me la font répugner plus que tout. Elle s'infiltre dans chacun de vos vêtements, dans vos cheveux, elle bouche les pores de votre peau et obstrue vos poumons réduisant votre capacité respiratoire.
Bon, je suis sortie. J'ai affronté les éléments, le vent, la poussière, le soleil. Ok, c'était pas si terrifiant que ça.
J'ai cherché le chauffeur de bus, il était caché derrière le bus. Je lui demande ce qui va se passer vu la correspondance qui n'attend pas à Aluminé. Pas d'inquiétude, nous sommes 4 personnes à avoir pris des billets de bus avec cette compagnie pour Villa Pehuenia et la compagnie assurera la liaison. Donc, nous attendons le bus qui nous sauvera et prendra la relève et à Aluminé, si le bus est parti, un taxi nous déposera au village de Villa Pehuenia. Les péripéties ne sont donc pas terminées et ce qui manque c'est la connexion internet qui me permettrait de vous tenir informés minutes après minutes de ce qui se passe... ou de ce qui n'arrive toujours pas.
Il est 16h, le bus devait arriver à 17h et nous n'arriverons probablement pas avant 19h30....
Je me disais bien que ces routes étaient mortelles pour les bus... et bien voilà, j'assiste en direct à la mort de mon bus qui ne reprendra peut être pas la route de si tôt. On est pas en Bolivie avec système débrouille à fond où le bus aurait été recyclé sans fin jusqu'à ce que la rouille dévore ses parois mais bon, je ne pense pas qu'ils aient droit une retraite facile avec un simple câble qui lâche et laisse en rade une quinzaine de voyageurs.
La dame derrière moi et ses deux enfants (il devait y en avoir un de sage, je l'avais pas vu) et la grosse dame sont montés dans une voiture et ont quitté notre navire en naufrage. Les amoureux sont revenus à leur place et chaque fois qu'il se penche sur elle pour l'embrasser il me semble qu'ils vont se mettre à copuler tellement les bruits qui résonnent sont obscènes. Je suis pas tout à fait neutre dans cette histoire parce qu'il faut savoir que le couple d'amoureux boutonneux sont aussi plutôt bien portant. Alors il y a des bouts qui dépassent partout et ça rajoute à ma vue un coté obscène qu'ils ne semblent pas percevoir.
Un nouveau van s'arrête. Est-ce un mini bus envoyé par la compagnie? La jeune fille du couple court vers le conducteur et négocie sûrement le transport. Moi, j'ai peut être tort, je fais confiance au chauffeur et j'attends. Lui, il attend les mécaniciens qui arrivent pour le réparer, mais il s'enfonce jusqu'à la taille, en commençant par la tête, dans la trappe à ma gauche.
Le conducteur du van ne prend pas le couple d'amoureux mais propose de l'aide au chauffeur pour la réparation.
Et moi, j'en profite pour faire des photos avec l'ipad...
La chemise du chauffeur a perdue de sa blancheur et les amoureux attendent bras croisés devant le bus.
Il est 16h30, le chauffeur tente de redémarrer le bus et joue avec le levier de vitesse pour voir si les vitesses passent.Le conducteur du van observe et tient l'immense trappe, mais je crois que ça ne fonctionne toujours pas...
Il finit par réussir à enclencher des vitesses, la première, la deuxième, la troisième et ça prend car le véhicule roule. Il remonte les trappes et le conducteur du van s'en va. Je ne sais pas encore si on va tenter de reprendre la route, mais le chauffeur n'a pas coupé le moteur. C'est l'heure des coups de tourne vis. Sa cravate est abandonnée sur le tableau de bord, vu l'état de la chemise, c'est pas la peine de se prendre la tête avec une cravate.
Il tente de repasser les vitesses. Ca ne prend plus. Les amoureux continuent de tourner autour du bus dehors et au loin, une vache attirée par le bruit, vient assister au spectacle en ne perdant pas de vue les brins d'herbe repérés d'en bas.
16h40, le chauffeur coupe à nouveau le moteur. Trappe montée, il n'a plus la même amplitude de mouvement avec le levier de vitesses et ces dernières ne passent plus.
La vache a disparu derrière la petite rangée d'arbres sur ma droite et c'est un mouton qui s'avance furtivement en se dissimulant derrière les buissons assez hauts qui le masquent lui et ses acolytes qui le suivent.
Autant vous dire que je m'ennuie à mourir et prends le parti de vous raconter tout ce qui se passe.
Les amoureux las d'attendre le moment de se reproduire sont partis en quête d'un buisson derrière lequel se cacher pour s'allonger. Constatant que si près de la route ils étaient visibles, ils reviennent vers le bus et le garçon remet son t-shirt. J'ai pas pris de photo, je pourrais être poursuivie pour atteinte à la pudeur si je publiais de telles images.
Et me voilà discutant avec eux puisqu'ils suivent le même chemin que moi, ils vont aussi à Villa Pehuenia pour se promener. Ils connaissent déjà et ont des amis sur place. J'ai du mal à comprendre ce qu'ils disent car ils transforment les ll et les y en "ch".... et avalent la moitié des mots qu'ils prononcent.
Je viens de prendre en photo les moutons furtifs et je sais déjà que vous ne verrez rien sur cette photo, 1) parce que les photos de l'ipad sont de mauvaise qualité, 2) parce qu'ils sont loin ces moutons et surtout 3) parce que si non ce ne serait plus des moutons furtifs!

17h15, le mécanicien vient d'arriver. Il bricole sans que j'y crois et pourtant, 17h35, on reprend la route, les vitesses semblent passer à nouveau... pour combien de temps?
ouf, j'ai récupéré les horaires de bus retour à San Martin car je doute avoir le temps ce soir à Aluminé!

Bon, 20h30, je suis bien arrivée à Villa Pehuenia mais ça n'a pas été simple de trouver un hébergement avant que la nuit ne tombe complètement.
Résultat, un petit studio avec cuisine, douche rien que pour moi et tout ça pour 100 Pesos Argentins par nuit. ok, ça me va bien.
Quelques courses, je trouve le point internet du village qui propose du wifi, incroyable... mais bon, ça fonctionne pas très bien.
Et hop, c'est parti pour une nouvelle aventure dans un endroit qui semble assez paradisiaque avec des lacs immenses où se reflètent des montagnes, enfin, des volcans couverts de neige...

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